Angela vient demander de l'aide à Johnny, un musicien de jazz avec qui elle a eu une liaison quelque temps auparavant. Tombée enceinte, Angela a peur de la réaction de sa famille. Décidée à avorter clandestinement, ils cherchent un moyen de réunir l'argent nécessaire...
Avec : Natalie Wood (Angie Rossini), Steve McQueen (Rocky Papasano), Edie Adams (Barbara 'Barbie' de Seville), Herschel Bernardi (Dominick Rossini), Anne Hegira (Beetie), Harvey Lembeck (Julio Rossini), Mario Badolati (Elio Papasano), Penny Santon (Mama Rossini), Elena Karam (la femme), Virginia Vincent (Anna)
Un film qui, via un réalisme saisissant et des questions brûlantes abordées de front, régénère le pouvoir enchanteur du meilleur cinéma hollywoodien, pouvoir alors amenuisé par la fin de l’âge d’or des studios.
En effet, le film démarre comme un drame intimiste avant de s’achever comme une comédie romantique sans que jamais le spectateur ne perçoive la transition. C’est que les clichés eux-mêmes sont des ressorts dramatiques puisque Une certaine rencontre peut être résumé comme la confrontation entre l’amour comme idéal formaté par les contes de fées et Hollywood et l’amour comme réalité sociale généralement contraignante (mariage…).
Le film n’est ni plus ni moins que l’histoire d’une jeune femme à l’esprit indépendant (une femme “moderne” diront certains) qui va tenter de trouver sa voie entre le poids des traditions familiales et ses images d’adolescente qu’elle sait surannées mais qu’elle ne peut s’ôter de la tête. Ou comment composer avec la réalité pour trouver son bonheur.
Le style de Robert Mulligan convient parfaitement à cette histoire à la fois crue et optimiste; c’est une parfaite synthèse entre acquis des nouvelles vagues (filmage dans la rue, ellipses audacieuses qui dynamisent la narration, représentation mature de la sexualité) et clichés utilisés avec justesse (la séquence dans le taxi de nuit, très hollywoodienne). Grâce à ce génie de la composition, le cinéaste arrive à de véritables miracles - tel, dans la séquence centrale de l’œuvre, la captation de la naissance du sentiment amoureux. De plus, la musique doucement lyrique d’Elmer Bernstein se marie à merveille aux images de Mulligan.
Enfin, il faut parler du couple de vedettes. Steve McQueen est étonnant dans ce rôle à contre-emploi d’homme un peu terne dépassé par la situation. Et Natalie Wood y est juste resplendissante : ses yeux, son sourire, son corps, ses diverses coupes de cheveux, tout, tout, absolument tout concourt ici à l’élever au rang d’incarnation de la perfection féminine- qu’à elle seule elle justifie un coup d’oeil attentif sur cette oeuvre injustement méconnue du non moins injustement méconnu Robert Mulligan.